mercredi 29 octobre 2014

Frasques



Guignol.

Les cliquetis intempestifs se font entendre distinctement. C’est un arrangement cauchemardesque qui se présente à cette heure. Le visage obscur et pâle de la folie se dessine dans les ténèbres et sa crinière sinueuse s’empare de sa proie jusqu’à l’étouffement.

mercredi 22 octobre 2014

Insuffisance


Festin.

Je sens les odeurs alléchantes ; Elles parviennent non sans aisance jusqu’à moi. Je crains de méditer sur ces bienfaits, car toutes ces victuailles ne me rempliront nullement.
Les vitres de cette pièce me protègent de la chaleur ; Les illusions ne peuvent duper mon esprit.
Dans la pénombre calme et angoissante, le feu glacial m’envahit.
Impossible d’arrêter ces flots, je me frictionne en vain ; je reste là, à leur merci.
J’attends, dépourvu… j’effleure l’espoir qu’un insoupçonné rayon de soleil vienne me rendre la vie.

mercredi 15 octobre 2014

Suspension


Routine.

L’homme n’aime pas le quai. Il s’y retrouve chaque fin de semaine durant trois quart d’heures. Il se présente debout, fidèle à son poste, forcé d’y être du fait de ses choix. Il n’ose pas rester à l'abri du toit de la gare, de peur que son esprit ne s’égare et ne lui fasse manquer son train.
C’est un moment long et lancinant où l’homme se demande s’il y aura une foule en grand nombre, s’il y aura du retard et si les gens ne se montreront pas grossiers.
Il voit, derrière les grilles de la dernière voie, des arbres qu’il déteste; ces arbres à moitié déconfits avec différentes faces à chaque saison, qui lui rappel le temps qui défile et le laisse à son terne labeur.
De temps à autre, des habitués indolents se moquent de lui et de sa scrupuleuse assiduité. Il reste de marbre, il scrute les heures.
Non, l’homme n’aime pas le quai…      

jeudi 9 octobre 2014

Metempsycose


Seigneur Valaque.

L’air frais s’emploi activement à me brusquer l’entendement ; ma cadence de marche est en rythme irrégulier et ma confusion ne vient se neutraliser que par ma satisfaction. Le désert blanc et brun qui m’entoure demeure ce qui se rapproche le plus de mon idée du répit.
Les collines en parentés me surplombent et pourtant, j’ai le sentiment d’occulter ces surfaces. J’avance vers l’incertain. Je piste au devant, les traces de pas de l’errant qui me précède de quelques heures : uni, à un autre qui, lui aussi, conçoit mon échappée et dont la neige ne me révèle qu’un seul indice.
Là, les traces de pas amorcent la grimpée, et je m’accorde la délivrance de m’imposer cet ascendant destin. Puis je m’élève, d’abord le cœur léger, mais chaque pas me fait avancer dans un regain de pénibilité. La pente se raidit, la grande nappe blanche se fait glissante ; je cherche des yeux le repère qui me dira : « l’ascension est achevée, ton épreuve te restitue les commodités de ta condition», mais rien n’y fait.     
Mon supplice s’affermit; le défi dépasse de nombreuses limites aux apparences déraisonnables. Je ne suis pas équipé pour ce test ; Mais je m’obstine.        
Mon fidèle prédécesseur s'atèle, dans son indulgence, à me montrer les empruntes de son appui. Je me contente avec maladresse de vérifier la stabilité de ses traces de pas. Je ne peux m’aider que de mes mains…Et j’en use.
Je me demande souvent ce que l’esprit ressent à la contiguïté de la mort. C’est qu’en réalité, il ne se la figure pas. Toutes les ressources du corps sont canalisées sur l’obtention de la survie, et ce, quelque soit le taux de réussite. Malgré mon faible jugement, mes ressources ont toujours étés d’une étonnante efficacité. Je m’accroche. Je jette un regard en arrière et dès lors j’obtiens une vue d’ensemble sur la vallée. Je me rends compte que je suis en train d’obtenir l’exacte récompense que je suis venu chercher. Je m’impose un dernier effort.
J’atteins enfin la baisse. Éprouvé par cette expérience, je m’accorde un repos bien appréciable et je profite de cet instant de soulagement en oubliant tout ce qui me constitue…Mais ne manquant pas d’admirer le royaume sauvage qui s’étend à perte de vue devant mes yeux ;
S’immisce alors dans mon esprit une question bien incongrue : « Qui est le maître de ces lieux ? »